Retour d’expérience : Airbus se convertit au bois énergie

Sur son site de Toulouse, Airbus développe un système de chauffage au bois à grande échelle. Il sera mis en service en 2013, mais un contrat est d’ores et déjà signé avec une coopérative forestière locale pour l’approvisionnement en bois. Le réseau sera ainsi alimenté à 70 % par des plaquettes forestières certifiées PEFC. Sébastien Elissalde, Energy Manager Toulouse Site, explique les enjeux de ce projet.

Comment avez-vous mis en place ce réseau de chauffage au bois énergie ?

Depuis sa création, le groupe EADS s’est engagé sur le plan environnemental. Il a notamment mis en place une certification ISO 14001, et a cherché à réduire sa consommation énergétique et ses émissions de CO2. En 2007, les objectifs fixés pour EADS par Louis Gallois à l’horizon 2020 étaient de réduire de 30% la consommation énergétique, et de 50% des émissions de CO2 par rapport à 2006. A Toulouse, le site Clément Ader d’assemblage d’avions long courrier A330 et A340 est le plus gros consommateur de gaz par rapport aux 5 autres sites toulousains, il est devenu une priorité pour être décarboné. Notre contrat de cogénération arrivant à terme en mars 2012, nous avons fait une étude économique détaillée et choisi de remplacer la chaufferie gaz par une chaufferie bois énergie.

 

Quels sont les avantages du bois énergie ?

Ils sont tout d’abord économiques, le bois doit connaître une inflation inférieure au gaz et nous maitriserons mieux nos coûts récurrents. Pour ce projet, l’investissement initial a été de 8 millions d’euros, et l’ADEME nous a apporté une subvention de l’ordre de 40 % au titre du Fonds chaleur renouvelable. Ce réseau de chaleur couvrira le site Clément Ader, site industriel d’environ 350 000 m2, et le nouveau site d’assemblage de l’A350.

Au préalable, nous avons travaillé sur la réduction des besoins au travers de l’optimisation des installations et d’une meilleure efficacité énergétique. A puissance énergétique égale nous pourrons ainsi chauffer plus de bâtiments. La chaudière bois de 12 MW (mégawatts) est en cours de construction, elle produira 52 000 MWh et sera alimentée par 22 000 tonnes de bois par an, elle couvrira 60% des besoins en chaleur du site de Clément Ader.

Des enjeux environnementaux considérables sont à la clé : dès 2013, ce système de production de chaleur nous permettra d’éviter 12 000 tonnes de CO2 par an, directement transférés en crédits carbone. Nous l’avons couplé à 22 000 m2 de panneaux photovoltaïques installés sur le toit du bâtiment d’assemblage de l’A350, ils fourniront près de la moitié de l’électricité consommée par ce bâtiment.

 

Pourquoi avoir privilégié la certification PEFC dans les approvisionnements en bois ?

La certification PEFC était la condition sine qua non du caractère environnemental du projet. Nous avons signé un accord avec une coopérative forestière locale pour l’approvisionnement en bois. La COFOGAR est certifiée PEFC et notre installation sera alimentée à 70% par des plaquettes forestières certifiées PEFC. Les autres combustibles seront des connexes de l’industrie du bois, mais aussi des déchets de bois d’Airbus. Il n’est pas possible de monter un projet de chaufferie bois, mobilisant de la biomasse forestière, sans avoir la certitude que cette biomasse est issue de forêts durablement gérées. Il faut garder à l’esprit que pour limiter l’impact carbone, le bois doit d’abord rester sur pied, puis être utilisé comme bois d’œuvre et enfin n’utiliser le bois énergie qu’à partir de déchets bois ultimes. En agissant pour l’avenir des forêts, la certification PEFC garantit la cohérence environnementale de notre projet.