Retour d’expérience : Pascal Lenoir, directeur de la production des éditions Gallimard

Président de la commission environnement du SNE (Syndicat national de l'édition), Pascal Lenoir est également Directeur de la production chez Gallimard, et Président de la CCFI (Compagnie des Chefs de Fabrication de l'Imprimerie). Acteur multi-casquettes du secteur de l’édition, Pascal Lenoir revient sur les bonnes pratiques de l’édition responsable, tout en soulignant l’importance d’utiliser du papier certifié.

Comment limiter l’impact environnemental du livre ?

Au cours de sa vie, un livre ou un magazine ont plusieurs types d’impacts. Tout d’abord sur la forêt avec la production du papier, également lors de l’approvisionnement en papier avec les émissions liées transport. Viennent ensuite la phase de fabrication de l’ouvrage, mais aussi son stockage et sa distribution.

De l’amont vers l’aval, de la forêt à l’imprimé, il est possible de limiter l’impact environnemental. En premier lieu, la certification forestière permet de garantir une gestion durable de la forêt pour l’approvisionnement en papier. Pour les produits papier ou bois, la certification PEFC nous garantit notamment le respect des forêts et de la ressource bois. Dans leurs process de production, les imprimeurs peuvent aussi s’engager à encadrer leur impact environnemental. La marque Imprim’vert ou la norme ISO 140001 apportent par exemple des garanties environnemenatles, notamment sur l’utilisation de produits toxiques. Autres étapes de la vie de l’ouvrage, le stockage et la distribution ont eux aussi un impact environnemental, celui de la livraison en quantité unique, via par exemple des commandes sur Internet, est important. Tout au long de la chaîne de production, l’impact carbone doit être le plus faible possible, les distances et les modes de transport entrent ainsi en jeu. En analysant ces différents impacts, les acteurs de l’édition peuvent mesurer les conséquences de leurs commandes et de leur production. Le groupe de travail GT8, créé suite au premier Grenelle de l’environnement, travaille d’ailleurs sur la mise en place d’un étiquetage environnemental des livres et magazines intégrant l’impact du process de production.

Nouveau concurrent du livre papier, le livre numérique n’est pas neutre sur le plan environnemental. La production des readers et tablettes mobilise des matières premières non renouvelables. Ces supports consomment également de l’énergie pour leur recharge. Selon des études récentes, la fabrication d’un reader ou d’une tablette peut avoir un bilan carbone près de 100 fois supérieur à celui d’un livre papier.

 

Comment imprimer de façon responsable ?

Définir ce qu’est un imprimé responsable est complexe et va bien au-delà du choix des fournisseurs et des matières.

Ainsi un imprimé de ce type, doit répondre à un besoin et être imprimé à la bonne quantité. Il doit aussi arriver au bon moment dans les mains du bon lecteur. Avant de lancer une impression, le pragmatisme doit prévaloir. Est-ce qu’il y a une utilité à imprimer ? A-t-on besoin de ce document ? Est-ce que sa forme et son contenu sont conçus pour être compris, lus et attrayants au bon moment ?

Avant toute édition, il faut être dans l’économie de moyens et dans l’efficacité. Mieux vaut parfois investir un peu plus et que l’ouvrage rencontre le plus de lecteurs possibles. Un ouvrage non lu est un ouvrage inutile, c’est donc du gaspillage financier et bien sûr environnemental.

 

Quel est, selon vous, l’intérêt de la certification forestière pour le papier ?

Les acteurs de l’édition doivent utiliser et acheter des papiers certifiés ou recyclés. Notre intérêt est d’éditer des ouvrages ayant un impact environnemental le plus faible possible. Ainsi le livre ou le magazine n’est plus générateur de déforestation. Il est donc nécessaire de promouvoir la certification forestière afin qu’à terme le consommateur soit rassuré sur le fait que l’usage de papier a un impact le plus faible possible sur la forêt, voire même un effet positif !