Pour une vision multifonctionnelle et équilibrée de la forêt

Retrouvez la tribune de Christine de Neuville, Présidente de PEFC France, publiée dans La Croix.
L’occasion de rappeler le rôle de PEFC, gardien de l’équilibre forestier face aux enjeux économiques, sociétaux et environnementaux de la filière forêt-bois-papier.

Christine de Neuville, Présidente de PEFC France et Maire de Vicq-sur-Breuilh.

Après l’émotion citoyenne suscitée par le rapport de l’IPBES et à la veille du Sommet Action Climat de l’ONU, il est plus que jamais nécessaire de repartager ce constat, élémentaire et pourtant capital : les comportements individuels et collectifs doivent changer pour limiter le réchauffement climatique et l’érosion de la biodiversité.

La forêt française a un rôle clé à jouer dans ce changement de paradigme et continuer à faire de notre planète un lieu de vie accueillant et bienveillant pour les millions d’espèces qui l’habitent.

Pour continuer à jouer son rôle protecteur contre les risques naturels, contre l’érosion et contre les changements climatiques, la forêt doit elle-même être défendue. Et sa protection est l’affaire de tous. Citoyen, propriétaire forestier, exploitant, etc. nous devons tous garantir à la forêt la sauvegarde de son équilibre naturel et le respect de ses capacités de production.

Cependant, alors que le bois constitue une ressource renouvelable, l’exploitation forestière et la sylviculture se trouvent parfois remises en cause comme étant des pratiques peu durables. Un vrai paradoxe.

Mais c’est dans la résolution de ce paradoxe que le rôle de PEFC prend tout son sens. Gardien de l’équilibre forestier, PEFC favorise l’équilibre entre les trois dimensions du patrimoine forestier grâce à des garanties de pratiques durables.

La dimension sociétale de la forêt, une prise de conscience de la fin du vingtième siècle avec le développement de l’urbanisation voire, dans les années récentes, de la métropolisation.

La dimension environnementale de la forêt, de plus en plus prégnante avec des informations sur les indices de biodiversité qui s’érode et la nécessité de capter de plus en plus de carbone, le bois en étant constitué pour moitié de son poids.

La dimension économique, enfin, par sa fonction de production car nous ne saurions ignorer d’une part les 400 000 emplois de la filière, et d’autre part les demandes en bois-matériau et en bois source d’énergie qui vont croissantes.

La conciliation de ces trois rôles est absolument indispensable pour assurer la pérennité des forêts françaises, à travers une exploitation raisonnée de la matière bois. Et c’est à cet exercice d’équilibriste, dans la sauvegarde des intérêts de tous au travers d’une gestion durable des forêts que s’emploie PEFC, en France et dans le monde, depuis près de 20 ans. Gardiens de l’équilibre forestier, nous travaillons à fédérer autour d’une vision rassembleuse, mais multiple, de la forêt.

Cette situation peut mettre les professionnels de la filière dans des positions complexes : les propriétaires publics ou privés des forêts sont bel et bien propriétaires mais ils doivent accepter que leur propriété soit aussi un bien commun protecteur, que la société attend qu’ils la partagent et la gèrent mais que leurs décisions sylvicoles peuvent être questionnées. Les professionnels récoltants sont parfois remis en cause sans comprendre que construire, écrire, se meubler ou se chauffer en bois nécessite une exploitation raisonnée de la matière bois.

« L’équilibre forestier c’est accepter que la forêt ne soit pas qu’une réserve de biodiversité, qu’une source d’énergie, qu’un puits de carbone, qu’un espace de bien-être, qu’un espace de travail, … mais nécessairement tout cela à la fois ! »

Ce nécessaire « tout à la fois » réclame un contrat moral entre les forestiers et la société. Alors que PEFC s’apprête à célébrer son 20ème anniversaire, nous constatons que notre rôle est plus nécessaire que jamais : préserver l’équilibre forestier, en rassemblant les acteurs – propriétaires forestiers comme exploitants, entreprises comme ONG environnementales – pour faire avancer collectivement la gestion durable de la forêt en France.
Alors que la surface forestière continue de croître, 60% des forêts françaises ne font l’objet d’aucune politique de certification. Cela veut dire qu’en matière d’équilibre forestier français nous pouvons progresser. Quand les propriétaires laissent leurs forêts « se débrouiller toutes seules », cela conduit à un appauvrissement économique, sans nécessairement favoriser la biodiversité.

Face à des actions publiques ou privées souvent trop segmentées, PEFC fait le choix d’impulser des changements à partir d’une organisation collégiale allant de l’amont à l’aval de la filière et incluant les associations protectrices de la nature. L’enjeu : accorder les valeurs des professionnels de la forêt à celles de notre société. Enjeu majeur s’il en est, pour que la forêt puisse rester cet espace d’équilibre que chacun appelle de ses vœux.