Bernard Palluet, GCF : « l’utilisation croissante d’huiles biodégradables est l’un de nos objectifs »

Le Groupe Coopération Forestière (GCF) est l'union de huit coopératives forestières représentent 90% de la production de l'ensemble des coopératives forestières françaises. Entretien avec Bernard Palluet, ancien Responsable National Environnement du GCF.

Quelles sont les recommandations de l’UCFF et du GCF en matière d’utilisation d’huiles en forêt ?

Bernard Palluet : Le développement des huiles biodégradables est l’un des objectifs du Plan de Management environnemental du GCF dans le cadre de la réduction des préjudices aux tiers, des dégradations et des pollutions. La priorité est d’abord fixée sur les machines des coopératives et de leurs filiales d’exploitation. Notre objectif est de passer d’un taux d’utilisation de 32% en 2012 a 40% en 2017 pour l’huile hydraulique et de 0 a 20% pour l’huile de chaîne.

 

Ces recommandations sont-elles formulées dans vos programmes de sensibilisation et de formation ?

Bernard Palluet : Pour atteindre l’objectif, un groupe de travail spécifique des pilotes de processus d’exploitation a été mis en place début 2013 pour effectuer un travail commun d’échanges de données et d’expérience, voire d’achat en commun. Une sensibilisation des personnels est réalisée en interne dans les coopératives à l’occasion de formations liées essentiellement à la prise en compte de l’eau potable dans la gestion forestière.

 

En quoi les huiles biodégradables s’inscrivent-elles dans une gestion durable de la forêt ?

B. P. : La logique retenue est celle de la prévention des pollutions pour une meilleure qualité des eaux : notamment pour l’eau potable, mais aussi pour les milieux humides. Cet objectif répond à plusieurs critères de gestion durable des forets : préservation de la biodiversité par la bonne conservation de l’état des habitats, protection des eaux potables produites en forêt, qui sont pratiquement consommable sans traitement. À nous de continuer a préserver cette qualité !

 

Quels sont l’avantage économique de ces huiles ?

B. P. : L’avantage économique pour l’opérateur peut être identifié dans l’absence de pollution, mais aussi dans les pénalités évitées. La qualité de l’eau ne demandant pas de traitement, elle coûte en effet moins cher a produire. En revanche, pour le producteur ou les opérateurs il s’agit d’un coût qui n’est encore malheureusement pas reconnu.

 

Quelles sont vos recommandations en matière d’utilisation de produits phytosanitaires en forêt ?

B. P. : Elles s’inscrivent dans la même logique de préservation de la qualite de l’eau, mais prennent aussi une dimension santé-sécurité. Nous préconisons de proscrire les produits phytosanitaires autant que possible en choisissant des alternatives d’entretiens ou de renouvellement comme par exemple doser les éclairements pour éviter les explosions d’adventices, choisir des essences a croissance rapide, renouveler naturellement plutôt que par coupe rase en cas de risque d’hylobe [ravageur des reboisements résineux].

 

Quel message adressez-vous aux acteurs de la filière forêt-bois pour préserver les sols forestiers ?

B. P. : Cette problématique comporte plusieurs « étages » ! Si l’on parle de la structure des sols, il s’agit évidemment du tassement. Cela relève dans ce cas de l’organisation des chantiers et du cloisonnement qui canalise les engins (60% du tassement se fait au premier passage). Si l’on évoque la qualité des sols et leur potentiel de production, on s’attardera sur l’importance du choix des essences, de celui des itinéraires sylvicoles et de la quantification de la matière a extraire a chaque prélèvement. En effet, trop d’extraction conduit inévitablement a une exportation d’éléments minéraux qui n’est pas compensée par le processus de minéralisation naturel.