Éric Meignien, Office National des Forêts : « l’ONF généralise l’utilisation de lubrifiants biodégradables »

Acteur-clé de la filière, l'ONF s'est engagée dans une démarche volontariste de préservation des sols et des milieux naturels. Entretien avec le responsable de son département développement durable.

Quelles sont les consignes de l’ONF en matière d’utilisation d’huiles en forêt ?

Éric Meignien : Depuis 2008, pour les coupes et travaux réalisés avec nos propres ouvriers, nous nous imposons de n’utiliser que des lubrifiants biodégradables satisfaisant aux critères et exigences de l’éco-label européen pour les huiles à usage perdu (scies à chaîne, y compris pour les têtes d’abatteuses), que ce soit en forêt domaniale, en forêt communale ou pour des clients divers. De plus, par notre RNEF (règlement national d’exploitation forestière), et notre RNTSF (règlement national de travaux et services forestiers), nous imposons cette même règle à nos sous-traitants, prestataires et acheteurs qui interviennent en forêt domaniale. Concernant l’exploitation forestière, le RNEF s’impose systématiquement aux acheteurs en forêt communale également, au travers des cahiers des clauses générales des ventes qui renvoient explicitement à ce règlement. Enfin, pour les autres travaux et services, nous invitons les communes forestières à se référer aussi à notre RNTSF dans leur forêt, ce qu’elles n’ont jamais refusé de faire !

 

En quoi les huiles biodégradables s’inscrivent-elles dans une gestion durable de la forêt ?

Éric Meignien : L’usage des huiles biodégradables se justifie dans la lutte contre la pollution diffuse des sols qui menace la qualité des eaux, mais également la biodiversité et la fertilité des sols forestiers.

 

Quels sont leurs avantages environnementaux et économiques ?

E.M. : Les avantages environnementaux sont l’absence d’accumulation de l’éco-toxicité, la moindre nocivité des emballages dans leur chaîne de traitement, la production à partir de ressources renouvelables et non d’hydrocarbures fossiles.

Sur le plan économique, le coût à l’achat est certes légèrement supérieur aux huiles dites classiques. Mais nous pouvons dire que nous avons contribué à réduire l’écart de coût et à améliorer l’offre disponible (sur le plan qualitatif également) en mettant en concurrence des fournisseurs pour un marché national pluriannuel. Ceci a été le fruit d’un long travail, dont les retombées seront bénéfiques pour tous. Face à ce léger surcoût, il y a aussi des avantages économiques : pérennité de la fertilité des sols, diminution du coût de traitement des déchets d’emballage.

 

Quelles sont les consignes de l’ONF en matière d’utilisation de produits phytosanitaires en forêt ?

E.M. : Pour reprendre la terminologie officielle, nous parlerons de produits phytopharmaceutiques. La réglementation en la matière, codifiée dans le Code Rural, est devenue très complexe. Nous nous y conformons bien sûr, en appliquant scrupuleusement le dispositif Certiphyto (certificat pour sécuriser l’usage des produits phytopharmaceutiques par la meilleure maîtrise des diverses dispositions en la matière). L’ONF est certifié par un organisme externe, et tous nos personnels concernés sont habilités nominativement depuis 2013. Nous n’avons pas attendu l’échéance imposée pour ce faire !

 

Quel message adressez-vous aux acteurs de la filière forêt-bois pour préserver les sols forestiers ?

E.M. : Respectez et faites respecter les exigences réglementaires bien sûr, et les cahiers des charges nationaux pour le propriétaire forestier PEFC et pour l’exploitant forestier PEFC !